Pas de passe-droit pour la famille ...
rideau
De Gaulle et son fils
La discrétion de la famille de Gaulle n'était que l'effet extérieur d'une modestie et d'un désintéressement voulus par le Général et auxquels il avait si bien habitué les siens que c'était devenu pour eux une seconde nature. Dès son installation à l'Elysée, de Gaulle avait déclaré au Protocole :
— Vous inviterez mes enfants à deux réceptions par an, c'est tout.
Quant à Philippe de Gaulle, il couchait parfois à l'Elysée, l'été, quand sa famille était en vacances, mais dans une modeste chambre du deuxième étage. Et si son père l'emmena, deux fois en dix ans, en voyage officiel (Allemagne et Russie), ce fut en qualité d'aide de camp, c'est-à-dire au plus humble des rangs.
La femme d’un collaborateur du Général, un jour qu’elle racontait à Mme de Gaulle que ses enfants allaient aux sports d’hiver pour Noël, resta sans voix en entendant celle-ci lui répondre :
Mes petits-fils auraient bien aimé y aller aussi, mais ils n'ont pas trouvé de place.
Qui verrait là-dedans la moindre affectation ferait une grossière erreur. L'idée de faire pression sur la S.N.C.F. ou un quelconque hôtelier n'aurait même pas traversé l'esprit de Mme de Gaulle. Lorsqu'en décembre 1962 le Premier ministre britannique, Harold MacMillan, vint à Rambouillet pour tenter d'obtenir du Général l'admission de l'Angleterre clans le Marché commun, Mme de Gaulle eut la charge de distraire Mme MacMillan.
Le samedi, elle l'emmena visiter le château de Dampierre et là survint un incident qui illustre à merveille la discrétion et la modestie de Mme de Gaulle.
Le château de Dampierre, quoique monument historique, appartient à un propriétaire privé, le duc de Luynes, qui y reçoit parfois des amis qu'il invite à tirer les daims peuplant son parc. Il y avait justement, ce samedi-là, chasse et réception.
Mmes de Gaulle et MacMillan arrivèrent sur les onze heures du matin, dans une même DS, qu'elles firent arrêter devant la grille. L'inspecteur qui les escortait se présenta au pavillon du gardien pour acquitter le prix des billets d'entrée, comme pour n'importe quels visiteurs.
Le gardien répondit sans y voir malice :
— On ne peut pas visiter le château aujourd'hui : M. le duc reçoit.
Mme de Gaulle se le tint pour dit et ce n'est pas Mme MacMillan, en bonne Anglaise qu'elle était, qui aurait insisté pour qu'on perçât le mur de la vie privée du châtelain. Les deux premières dames se contentèrent donc de faire quelques pas dans le parc. Les invités du duc, qui étaient en train de déjeuner, n'aperçurent que vaguement, par les fenêtres de la salle à manger, deux silhouettes féminines, tôt disparues.
Ce fut à l'heure du goûter que le concierge, qui, depuis le matin, avait eu le temps de réfléchir et se sentait en proie à quelques scrupules, révéla au fils de la maison l'identité des visiteuses.
Mme De Gaulle
anecdote
accueil
Accueil
De Gaulle après 1947